Il est minuit zéro une, et les yeux ouverts, nous trépignons. Virant, soulevant, froissant nos draps, nous fixons cette lueur qui saura percer ce volet laissé entre-ouvert. Cette date est ancrée, depuis septembre déjà, au cœur de nos aspirations les plus profondes.
Loin de tous ces maux qui chaque jour, nous oppressent, il ne reste que quelques heures avant qu’enfin la délivrance nous emporte auprès de ces lieux fantasmés. Etre là, s’oublier, seul ou unis, à partager la renaissance de notre essence.
Tous ces simulacres de bonheur dans une société de l’illusion, enfin, disparaissent. Autour de nous, le néant ou plutôt, une enivrante évasion nous entraîne dans nos contrées inavouées. Elles sont nos espoirs et nos dévotions, elles sont nos amantes et nos perditions. Irréelles mais ô combien salvatrices, elles nous poussent dans l’inertie à nos semblables. Nous les aimons si fort, si intensément mais inexorablement, envoûtantes naïades, elles nous rejettent.
Tant pis, nous irons encore et encore, éperdus de ces rencontres éphémères. Heureux et malheureux, nous subirons cette loi immuable, de ce pouvoir qu’elles détiennent. Agonisant, jouissant, nous leur dédions nos âmes champêtres, idiots que nous sommes.
L’ineptie est si belle que cette souffrance perdure en nous dans un sourire, à jamais; c’est cela, le don de l’Ouverture…