Et oui, s’il en est un omniprésent dans le caractère du pêcheur et notamment, du pêcheur à la mouche, c’est bien l’Ego!
D’aucun pourrait le qualifier de qualité et d’autres de défaut mais assurément, cela fait partie de chacun de nous. Oh bien sur, cela reste plus ou moins exacerbé selon nos rencontres et échanges mais ne nous voilons pas, nous sommes, nous pêcheur (et certainement plus encore, le pêcheur à la mouche), d’indécrottables égoïstes. Je dirais que notre construction se fait ainsi, au hasard de nos sorties, où chaque déboire nous rend plus conquérant la fois suivante, et beaucoup plus confiant en nos qualités. Chaque victoire (ou pseudo victoire) sur un écosystème que nous considérons notre, nous conforte dans notre caractère de dominant.
C’était sans compter ses diablesses ponctuées qui sous couvert d’anonymat, savent si bien nous remettre en « boite » et nous faire pester contre tout (matériel, conditions météo, autres pêcheurs ou usagers de la nature, etc.) mais chacun saura éviter de le faire contre le principal acteur de nos défaites.
Ainsi, il est bon quelque fois, de se remémorer les instants où tout se conjugue et où, en un instant, nous basculons dans l’euphorie du « moi, je suis bon! »
il est vrai aussi que l’éloignement trop longuet, nous incite à piocher dans cette mémoire si révélatrice de nos personnalités. Jamais nous développons sur cette pitchoune, délicate gourmande, qui nous a sauvé la capote, un jour d’éclosion magnifique où parmi d’innombrables gobages, seule cette mignonnette nous a gratifié d’une bise.
Un guide de pêche sur les Nives au Pays basque ne déroge pas à cette constatation…
Ainsi, mes souvenirs me guident vers ces quelques représentantes, délices de partage et de bonheur innommable:
Voici la plus longue des mémères capturée en Champagne, c’était en 2011, elle était décollée, sur une bordure, postée entre un amalgame de branches. J’avais alors une nymphe de mai peu plombée. Un combat qui me verra me jeter à l’eau, remplir quelque peu le waders (un peu trop d’eau…) mais quel bonheur en cette après-midi ensoleillée!

59cm Marne
Il y avait aussi celle-ci, en 2013, une superbe panthère du Pays Basque. Elle gobinait au ras d’une falaise, dans une retourne, faisant son petit tour dans ce minuscule mètre carré! Il fallait réussir le passage dans le tempo, en imaginant son trajet car impossible de la voir. Heureusement, l’observation m’a permis de déposer l’oreille de lièvre et la canne Tenkara a fait le reste! Cette belle aura d’ailleurs la facétie de se montrer un mois plus tard pour un reportage Season avec mon ami Yvon ZILL et un de ses « clients ».

51cm Nive
Puis, l’année dernière, sur une sortie improvisée sur la Bienne, grâce à une visite dans la belle famille, il y a eu cette prise miraculeuse à 16h de l’après-midi sur une fin de radier peu profonde. Un nez est sorti 2 fois pour se saisir d’olives juste devant moi. Sans éclat, le poser fut le bon et ma première zébrée me fit l’honneur de poser. Pour une première, j’avoue que je n’en attendais pas autant…

66cm Bienne
Oh, quelques unes vraiment belles ont entrecoupé ces clichés comme en 2011, avec cette marmorata de 56cm le dernier jour de ce 1er séjour à l’Est ou bien, en 2014, cette marnaise de 58cm venant saisir délicatement ma sèche après l’avoir laissé passer au-dessus d’elle ou bien encore, en 2016, cette autre biennoise (56cm) qui, rageusement, emporta mon cul de canard jusque dans mon épuisette, ou encore, cette grassette de la Touvre qui pinça ma cuivre de 18 accusant 55cm et un tour de taille jamais vu!!
Je vous parlerai enfin de ce moment à jamais gravé, de ma première « belle » (50 tout rond). Oh le coup de ligne n’avait rien de terrible car je dois l’avouer je pêchais les chevesnes un soir d’été, sous une chaleur étouffante. Après 2 ou 3 pépères capturés sur la même veine, voilà, que mon imitation disparaît et que le combat change. Ce soir-là, je me suis époumoné et j’ai eu la chance de partager ce moment avec une personne si chère que jamais je ne saurai assez le remercier, de m’avoir offert son amitié et ouvert son petit paradis. Ce moment est là, en moi, et il ne passe pas une saison depuis, sans qu’il ne réapparaisse.
Bref, il faut de temps à autre, refaire le fil de ses saisons et se rassurer. Loin l’idée de défiance en ses capacités mais croire en la force de sa pêche, demeure l’atout essentiel de ses futures réussites.
au plaisir,